nom, prénom(s): Matilda   Ljiljana  Jovanovic, c'est ce qu'y est inscrit sur ton acte de naissance. aujourd'hui, sur ta carte d'identité ou ton permis de conduire, on peut lire Matilda Adkins-Hobbs, même si la plupart du temps, c'est simplement Mati Adkins. Tu portes le prénom de ta grand-mère paternelle, une femme de caractère, il parait. Tu ne l'as jamais connu. Gamine, tu préférais assimiler ton prénom à celui du roman de roald dahl, cette gamine mal aimée, qui ne trouve sa place nulle part. C'était toi. emploi/études: Tu commenceras à la rentrée ta seconde année de master d'architecture à la prestigieuse université de colombia tout en travaillant, à mis-temps dans un cofee shop au coeur de Central Park. argent: $$. étudiante sans grand revenu, tu bosses un peu, pour soulager tes mères, en espérant leur offrir un jour une maison en Europe, une voiture de course et un jacuzzi. Tu vises haut, Mati. Gamine, tu comptais les pièces, et t'espères bien gagner des millions, un jour. date et lieu de naissance: T'es née dans la crasse et le froid, un 17 novembre, à New York, il y a de ça 23 ans. Ta famille, elle n'a jamais connu le rêve Américain, ta famille. nationalité et origines: Une mère Américaine, un père serbe, tu as eu la chance de naître ici, une nationalité acquise dés la naissance, une chance que tout le monde n'a pas.  situation amoureuse: Tes relations amoureuses se comptent sur les doigts d'une main, et elles se sont toutes terminés brutalement. T'es incapable de te donner pleinement à quelqu'un, Mati, t'es peut être destinée à être seule, finalement.orientation sexuelle: Hétérosexuelle jusqu'à preuve du contraire.caractère: T'es indépendante, Mati, trop parfois. T'as appris à ne compter que sur toi même, t'as appris à te battre, bec et ongles pour obtenir ce que tu veux. Déterminée et forte tête, t'es d'ceux qui pensent que rien n'arrivent par hasard, alors tu calcules tout, tout le temps. T'es une bosseuse et une battante. Tu n'arrêtes jamais, avant d'arriver à tes fins. Futée et même plutôt intelligente, tu as toujours aimé travailler, et étudier. apprendre toujours plus, lire davantage. Niveau relationnel, ça a toujours été un peu compliqué, parce que t'es incapable de faire confiance, tu ne te détends jamais vraiment, t'attends toujours le moment où tu devras partir en courant, pour sauver ta peau, encore une fois. t'es une sauvage, l'un de ces enfants perdus, de l'île de peter pan.

01. Tu vis en colocation depuis deux ans maintenant, et même si la vie en communauté n'est pas toujours évidente, tu t'y sens bien, et le loyer n'est pas très cher. 02. Tu es très, trop même, maniaque. Tu as toujours besoin de ranger, tout ce que tu vois traîner, et tu as un certain problème avec la symétrie.  C'est généralement toi qui te charges du ménage, à l'appartement, et quand quelqu'un d'autre le fait, tu finis toujours par repasser derrière.03. au contraire, par contre, tu es une très mauvaise cuisinière. Quand tu vivais encore avec ton père biologique, tu ne mangeais que des nouilles instantanées. Aujourd'hui, tu peux difficilement faire à manger sans brûler quelque chose.04. Tu as un très fort caractère, et c'est en partie à cause de ça que tu es restée si longtemps dans le système. En arrivant chez les Adkins, tu étais tout le temps en colère, et pour contrôler tes émotions, tes mères t'ont inscrites au conservatoire de musique. Tu as choisis la batterie, et depuis, dés que quelques choses te contrarie, tu te défoules grâce à ça. 05. Avec trois autres enfants du système, que tu as rencontré dans un centre, il y a dix ans maintenant, vous avez montés un groupe de musique. ça reste amateur, mais vous vous amusez, et c'est le principal.06. à douze ans, tu as été placé chez les smith. Tu ne te souviens pas vraiment d'eux, ils étaient souvent absents et tu passais beaucoup de temps seule. Tu te souviens cependant parfaitement de leur ordinateur fixe, et de ce jeu, que tu as saigné. Comme ça, ça semble tout con, les sims, tout le monde y a déjà joué. Mais pour toi qui n'avait jamais touché à un ordinateur, tu avais l'impression d'être dans le futur. T'as passé des dizaines d'heure à créer des maisons toutes plus folles les unes que les autres. Et c'est comme ça que tu as compris que, plus tard, tu serais architecte. 07. Tu as toujours aimé travailler et étudier. Gamine, tu dévorais les livres de la bibliothèque du quartier. 08. T'as toujours voulu avoir un chien09. Tu travailles en plein cœur de central park, dans une petite baraque où tu sers des cafés trop cher et des muffins un peu sec. Tu adores ce travail, le simple fait de braver le flore du park, avant d'arriver devant ta machine à expression te met de bonne humeur.10. Tu pourrais te nourrir exclusivement de pastèque en été, c'est ton fruit préféré et ton parfum préféré, dans les smoothies, les glaces ou encore les bonbons.

17 novembre 1995, Bronx, NY.
Y’avait papa, maman et la drogue. Un joyeux petite ménage à trois et un business bien rodé. Papa la vendait, maman la volait, et quand il s’en rendait compte, il frappait, très fort. Aucun souvenir de ce temps-là, juste une vielle photo, une femme défigurée par la vie, par la drogue, par son mari, et un homme aux traits durs, à la gueule cassé, au sourire bousillé. Au milieu, un enfant, leur enfant, toi. Un bébé minuscule, un bébé qui ne devrait pas être là. Une famille en morceau, une famille en lambeaux. Pas de jolie souvenir, juste une photo crasseuse, pour te rappeler que peu importe les efforts que tu feras, ton histoire, elle est là, dans les baffons sales d’une ville qui n’a jamais voulu de toi.

12 février 1998, Bronx, NY.
Des souvenirs un peu plus clairs, à présent. L’odeur étouffante de l’herbe, les cris de maman, la peur, l’insécurité. Et puis, un jour, papa qui décide de partir, papa qui en a marre, papa qui met les voiles, en te laissant seule, seule avec la drogue et cette forme vaguement humaine, un souvenir de ta mère. Tu te souviens du froid et de la faim, surtout. Et de l’angoisse, quand elle te serrait dans ses bras longs et sinueux. T’arrêtais de respirer, Mati. T’aurais peut-être vraiment dû arrêter.


17 novembre 2001, Bronx, NY.
C’est ton anniversaire. Maman est partie, elle a choisi la drogue, la facilité, joyeux anniversaire, Matilda. L’assistant sociale t’a offert un livre pour enfant, sans doute avait-elle pitié. Et puis papa est revenu dans ta vie. Papa et la bouteille. Et c’était mieux. Parce qu’il t’aimait, un peu, surement. Parce qu’il remplissait ton assiette, parce qu’il t’achetait des pulls bien chauds, parce qu’il n’oubliait pas de venir te chercher à l’école. T’as cru fort en lui, Mati, et pourtant, un jour, il est parti. Vol de voiture, qu’on a dit. Papa a été méchant, qu’on t’a dit. T’as eu le temps de prendre tes pulls bien chauds et ton livre pour enfant, et tu es partie, comme ça, dans la nuit.


4 juin 2003, Queens, NY.
Tu les connais à peine. Et pourtant, c’est chez eux, que tu vis. Et pourtant, ils s’occupent de toi mieux que tes parents ne l’ont jamais fait. La maman est gentille, et le papa fait du chocolat chaud, le soir. Tu aurais pu être heureuse, là-bas, Mati, tu aurais pu sourire, là-bas, Mati. Mais il y avait cet autre enfant, leur vrai enfant, le golden boy, le jaloux, le possessif, et lui, lui il ne voulait pas de toi. Lui, il se pinçait fort les bras, il se cognait la tête dans les murs, et venait pleurer auprès de maman, il disait que tu étais dangereuse, que tu étais méchante. T’es partie, encore.


12 mars 2005, NY.
Y’a eu ceux qui prenait trop d’enfants à la fois, ceux qui n’aurait jamais dû avoir leur licence, ou encore ceux qui ne faisait ça que pour l’argent, parce qu’il est toujours question d’argent. Régulièrement, papa sortait de prison, papa était en probation, alors tu retournais avec lui, et il te promettait, vraiment fort, qu’il serait là pour toi. Mais t’as appris depuis longtemps que tu ne pouvais pas faire confiance à papa. Y’avait l’école de chez papa, celle à laquelle tu allais quand il décidait que tu pouvais sortir, et puis toutes les autres, où on t’inscrivait dans l’urgence. Malgré les allés et venus, tu as toujours aimé ça, travailler, étudier, et tu étais plutôt bonne élève. C’est rare, pour un enfant du système, de réussir ses études, et tu chérissais cette chance, que tu avais.


28 septembre 2008, Queen, NY.
L’école a commencé depuis un mois à peine, et tu entames ta première année de lycée. Tu ne pensais pas vraiment t’intégrer, dans ce nouveau lycée. Avec papa, vous avez déménagé. Il est clean, qu’il dit. Il va prendre soin de toi, et tu sais qu’au fond, il le pense vraiment. Comme à chaque fois. Y’a eu cette fois, où les filles de ta classe t’ont proposé de sortir, un soir. Et t’as accepté. Tu savais qu’il y aurait surement Tony, le capitaine de l’équipe de foot, alors t’as mis ta plus belle robe, celle que tu as reçu pour noël, l’année dernière. En arrivant au rez de chaussé, tu trouves papa et ses bouteilles, papa et son nez rouge. Il avait promis, mais comme toujours, il finit par sombrer. Mais cette fois, il a un drôle de regard, papa, et quand il s’approche de toi, tout d’un coup, tu as peur, tu recules, il avance, et bientôt, tu heurtes la porte, mais il avance, encore, encore, et ses mains encercles ton cou. « Espèce de sale trainée, tu vas retrouver ton amant, avoue. » la peur, dans les yeux, l’angoisse, dans le cœur, comme avant. « Regarde-moi quand je te parle, Josie ! » tu secoues la tête. Il hallucine, il est ivre, peut être même plus, et il te prend pour maman. Maman qui est partie, il y a si longtemps, qui l’a abandonné, qui t’a abandonné. « Pap… » il relâche ton coup et son poing se balance, dangereusement. Et puis, plus rien. Tu te réveilles à l’hôpital, avec l’assistante social et deux policiers. Papa retourne en prison sans passer par la case départ, et toi, toi tu retournes dans le système. Chez cette famille déjà bien nombreuse, chez les Adkins et leurs bonnes humeurs, leurs deux mamans et tout leur amour. Cette famille qui t’a accepté, avec tes bons et tes mauvais côtés, cette famille qui t’a appris à faire confiance, à aimer, aussi.


20 avril 2009, Manhattan, NY.
Elles veulent t’adopter, c’est ce qu’elles ont dit, l’autre jour. Te donner une chance de te construire, dans un foyer stable, de ne plus craindre la nuit, de dormir sur tes deux oreilles. Et toi, toi tu as dit oui, oui, oui. Parce que tu ne rêvais que de ça, d’une vraie famille, sans honte et sans larmes. Mais papa est sorti de prison, parce qu’il finit toujours, par sortir. Papa s’en veut, papa, il t’aime, il veut te voir grandir, il va trouver un travail, un vrai. Finis la bouteille, c’est une promesse. Mais, tu ne crois plus aux promesses, Mati, tu ne crois qu’en ce que tu vois. Et ce que tu vois, c’est ces deux femmes fortes et courageuses, qui se battent pour toi, pour te donner une chance, une vraie, pour une fois. Alors tu les as choisis, elles, et tu es devenue leur fille.

11 octobre 2010, Queen, NY.
Mais tu restes et tu resteras à jamais une enfant du système, avec tes cicatrices et ton cœur un peu bancale. Et t’as besoin de parler, de te confier, à ceux qui te comprennent, ceux qui ont vécu la même chose que toi. Ça fait presque 4 ans que tu vas à ce groupe de parole, ça fait dû bien, de juste écouter, même si en vérité, tu ne parles pas beaucoup. Avec trois autres gamins, tu as lié une amitié forte, et naturelle, autours de votre passion commune, la musique, et c’est au détour d’une conversation sans grande intérêt que vous avez décidé de monter votre groupe de musique, afin démontrer, à travers vos chansons, vos démons, au monde entier, ou tout du moins à ceux qui veulent bien vous écouter.

2 juillet 2012, Manhattan, NY.
T’es à la maison, avec tes mères, y’a Emma, aussi, et Livia, qui traine dans sa chambre. C’était une journée comme toutes les autres, et puis tu as reçu ce mail, ce simple mail t’annonçant que tu avais réussis tes partiels, que tu serais, dés la rentrée prochaine, en seconde année d’architecture. Et tu te souviendras toujours de ce moment, de la fierté, dans leurs yeux, et surtout, de la fierté dans ton cœur. La fierté d’avoir terminé le lycée avec un an d’avance, d’avoir intégré une des meilleurs université de New York, mais surtout, d’avoir trouver ta place. Le soir, en retournant dans ta chambre, tu as sorti la vielle photo lugubre que tu gardais précieusement dans un tiroir, celle de ta famille d’avant, celle de la petite fille née au mauvaise endroit, au mauvais moment. Et tu l’as déchiré, Mati, parce qu’enfin, tu n’étais plus cette petite fille perdue.

5 mai 2016, Brooklyn, NY.
Les derniers cartons viennent d’être déposé dans ta chambre par ton grand frère, qui t’ébouriffent les cheveux avant de sortir. Tu regardes cette grande pièce encombrée de carton en souriant. C’est ton chez toi, ton chez toi à six. Tu as enfin quitté la maison, pour démarrer la vie d’adulte, au côté de cinq autres personnes, dans cette immense appartement au cœur de Brooklyn. Vous ne pouviez pas rêvez mieux. De grandes chambres, tes pièces lumineuses et un toit aménagé, d’où vous pouvez voir la mer, en vous penchant vers la droite. Un nouveau départ, plein de péripétie et de disputes, mais surtout, de bon moments.


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