Y’a des jours comme ça, qui commence mal. Levée du mauvais pied, un café mal passé, une porte dans le nez. Y’a plein de raison, pour être de mauvais humeur, d’autant plus quand, comme Mati, on n’est pas franchement du genre matinal. Ce matin, c’est comme si l’univers tout entier c’était mis d’accord pour la faire chier. La loi de murphy dans toute sa splendeur. Elle a été réveillée beaucoup trop tôt par Scar qui partait travailler, puis, lorsqu’elle a voulu se faire un smoothie, elle s’est rendu compte, trop tard, que le couvercle était mal refermé et elle a redécoré les murs de la cuisine. Un peu trop maniaque sur les bords, elle a tenu à tout nettoyer avant de partir et était donc en retard pour son premier cours de la matinée. En fin de journée, il y a eu ce test de math, qu’elle a parfaitement raté, elle en est sûre, et puis elle a loupé le bus pour aller travailler et a dû courir pour ne pas se faire étriper par son collègue, qui finissait quand elle prenait son service. Les clients ont été exécrable toute la journée et elle n’a vu aucun écureuil pour lui remonter le moral. Résultat, quand elle arrive à l’appartement, ce soir-là, elle est tendue, de mauvaise humeur et indisposée à quelconque conversation. Même la voix de Scar, qui lui parvient depuis la cuisine, lui donne des envies de meurtres. Elle se rends malgré tout dans cette dernière, après avoir posé son sac et enlevé ses chaussures. Elle arrive dans la cuisine, dans l’entre du Fields et son visage se décompose. Rien ne laisse encore croire que c’est une cuisine. Il y a des détritus partout, des restes de nourritures, de la vaisselle sale. C’est immonde, tout simplement immonde, et pourtant, pourtant il sourit, contente de lui, et elle a envie d’écraser son poing contre sa mâchoire. « Salut ? Tu te fiches de moi ? Tu crois qu’on vit dans une porcherie ici ? T’as vu l’état de la cuisine ? On peut à peine poser le pied par terre ! On ne t’a jamais appris à ranger après toi dans ton école de mangeurs de gâteaux ?! » elle sert les poings en secouant la tête. « Je te préviens, t’as intérêt à tout ranger, sinon… »

Elle a besoin que tout soit à sa place, Mati, c’est comme ça. Une maison bien ordonnée, une vie bien ordonnée, c’est un peu son mantra, et elle veut, plus que tout au monde, être quelqu’un d’équilibrer. On arrête à peine de la pointer du doigt en disant « c’est elle, c’est la gamine adopté » elle ne veut plus être cette fille-là, alors elle a coupé ses cheveux, elle porte des pantalons carotte et elle range la colocation de fond en comble, pour paraitre bien comme il faut. Evidement, quand elle le sermonne, il riposte, ce ne serait pas Oscar s’il ne le faisait pas. Sinon quoi, qu’il dit, et elle s’énerve un peu plus encore parce que, en vérité, elle n’a absolument aucune idée de ce qu’elle pourrait répondre. Elle s’approche un peu de lui, évitant au passage les taches de nourritures jonchant le sol. « Sinon tu prends tes affaires et tu pars, Oscar. Ce n’est pas compliqué, y’a des putains de règles ici, si tu n’es pas capable de les respecter, personne ne te retient. » elle est fière d’elle, non seulement sa réponse à du sens, mais en plus, elle a utilisé son prénom, chose qu’il n’aime pas vraiment. Un sourire mutin, mais furtif, étire un instant son visage crispé. « J’y penserais la prochaine fois. Le problème, c’est que je me plains tellement de toi, qu’on n’a pas beaucoup le temps de parler d’autre chose, pendant nos séances. » elle secoue la tête. Si ado, les Adkins lui ont en effet fait suivre une thérapie, ce n’est plus le cas aujourd’hui, et être ordonnée n’est pas une maladie. Être un gros con par contre… « Dépêche-toi de ranger, Fields. Y’a que toi que ça fait rire, et les autres vont être soulés de voir l’appart dans cet état ! » elle soupire avant d’enlever sa veste cintrée, dévoilant ainsi son haut en dentelle rouge. « Je vais faire la vaisselle, tu fais le reste. » elle est trop gentille, au final. Ça finira par la perdre.