Sur le pas de la porte de son immeuble, Piper prend le temps de savourer cette journée. Elle regarde les gens s'activer dans tous les sens, observe le quartier qui s'anime devant elle sans jamais s'arrêter. Elle ferme les yeux, s'imbibe des rayons du soleil et de la chaleur qui réchauffe sa peau. L'été est là, déjà bien entamé. C'est la saison qu'elle préfère.
Elle redresse l'étuis qu'elle porte à l'épaule et se rend d'un pas décidé dans central park.

Comme à chaque fois que le temps s'y prête, Piper n'hésite pas à partir vagabonder parmi le paysage verdoyant du parc. C'est devenu une habitude à force. Elle y va, sa guitare sur le dos, remplie d'ondes positive. Une fois sur place, elle s'assoie sur l'un des bancs. En fait, c'est toujours le même, à chaque fois qu'elle y vient. Elle s'installe confortablement. Pose l'étuis ouvert près de ses pieds, au cas où une âme charitable apprécierait son talent. On n'peut pas dire qu'elle manque d'argent Piper, au contraire. Petite fille riche du l'upper east side, elle n'a jamais manqué de rien. C'est simplement qu'elle se veut indépendante. Elle pourrait se reposer sur la fortune familiale, mais elle à choisit de se débrouiller, de vivre de ses propres moyens, de ce qu'elle aime.

L'air frais, la nature, tout cela l'inspire. Elle aime bien se réfugier ici avec son carnet note. Livrée à elle-même et à ses songes, elle compose. Son cahier ne la quitte jamais, toujours à ses côtés.  Elle griffonne, écrit quelques strophes.
Finalement, elle dépose le calepin au bord du banc puis agrippe sa guitare et commence à gratter un peu. Elle s'évertue à trouver un rythme, une mélodie qui collerait à ses paroles. Mais bien vite, elle dérive et commence à jouer les chansons de ses groupes favoris. 

L'heure tourne et Piper fait une pause. La chaleur lui à donner soif et chanter lui à rendu la gorge sèche. "Chouette, juste assez de monnaie!" se dit elle enjouée, attrapant les quelques dollars qui trônaient à l'intérieur de l'étuis à guitare.
Ravie de pouvoir s'acheter un soda avec ce qu'elle avait récolté, elle n'aperçoit pas son carnet à chanson glisser du banc et venir s'écraser dans l'herbe. Elle range avec précipitation son instrument, oubliant complètement ledit cahier.
Sur le chemin vers le stand à boisson, elle s'arrête net. Elle réalise, écarquille les yeux et lâche un juron! "Merde!" Elle fait demi-tour en vitesse, le cherche des yeux mais aucune trace de son calepin à son endroit habituel. Une moue boudeuse se dessine sur son visage, déçue d'avoir paumer son précieux carnet. 
Elle traîne des pieds, les bras ballant et un soupire désespéré. Ce carnet c'est un peu comme une sorte de journal intime. Elle y inscrit ses pensées les plus profondes, ses doutes, ses peurs, ses joies. L'avoir perdu l'a rend malade, elle a la boule au ventre. 
Alors que la lueur de son regard se ternit peu à peu, un petit objet se distingue au loin. 

Piper plisse les yeux, comme si cela allait lui permettre de mieux l'voir. Ses jambes s'activent, se pressent, et finit par courir jusqu'à cet intrigant objet. Lorsqu'elle découvre de quoi il s'agit, son sang de fait qu'un tour. C'est son carnet !? Mais oui, c'est bien son carnet! Comment a-t-il pu atterrir aussi loin?!
Quoi qu'il en soit, elle ne réfléchit pas davantage et ramasse son précieux bien! Elle le serre fort contre sa poitrine, rassurer de l'avoir retrouvé! 
Elle repart, l'esprit tranquille. Sans le savoir, Piper venait de dérober un carnet qui n'était pas le sien... 

Seth avait abandonné l'idée de rester à l'intérieur et il était parti dessiner ailleurs. Dehors, loin des conflits incessants et des mensonges. Seth avait besoin d'air, il avait besoin de plein de choses comme s'éloigner de sa famille, quelques temps. Au mois de mai, il avait menacé sa soeur de fuguer mais il n'avait rien fait. Il avait continué ses mensonges de ne plus aller en cours. Et là c'était les vacances, le soulagement. Et c'était tout ce qu'il voulait. Ne plus jamais être embêté par le lycée et par les autres. Pourtant il savait qu'il allait regretter. Il allait regretter de ne pas avoir de diplôme et réaliser ses rêves. Mais au fond, il s'en fichait bien. Il ne savait plus quels étaient ses rêves. Il ne savait plus rien. Seth était perdu et ses dessins étaient de plus en plus noirs. Seul Gale savait la vraie raison et tenter de lui apprendre à se défendre. Il en faisait des choses qui feraient pâlir sa soeur Raven si elle le savait. Mais elle ne savait rien. Elle ne saurait jamais rien.

Seth était dans le parc à dessiner. Il avait l'impression que son âme se vidait, qu'il n'était plus rien, juste un être bon à dessiner et qui n'aurait aucun avenir. Un artiste incompris. Incompris par tous. Il finit par arrêter dessiner et s'allongea dans l'herbe, laissant son carnet à ses pieds. Il regarda le ciel, luttant contre les larmes. Il mourrait d'envie de tout dire à Raven, maintenant que l'école était finie. Peut être qu'elle pourrait le le changer de lycée. Mais il avait peur que ça soit partout pareil. Qu'on le déteste à ce point parce qu'il savait des choses. Il avait peur de l'avenir. Il se redressa quelques temps plus tard pour dessiner un autre visage effacé. Comme lui. Il prit le carnet et alors qu'il allait dessiner, il vit que ce n'était pas son carnet. Ses dessins avaient disparu et Seth paniquait. La personne qui avait son carnet allait le prendre pour un fou et le faire interner sans qu'il n'ait le temps de mentir comme il le faisait avec Raven.

Il vit une femme s'éloigner, son carnet à la main. Ils étaient identiques et Seth l'aurait reconnu. Il se leva et courut jusqu'à la femme en s'écriant:

"Eh! Rendez moi ce que vous m'avez pris!"

Il faisait l'insolent pour pas qu'elle ne pose de questions. Il avait peur, peur qu'on le juge. Il détestait qu'on regarde ses dessins.