Et voilà. Après de longs mois qui parfois pourtant lui avaient semblé passer trop vite, elle était enfin là, la fin de l'année scolaire. Les grandes vacances étaient à sa porte et cette seconde année d'enseignement s'achevait sur une bonne note. Elle avait réussit à faire en sorte d'intégrer et d'aider au mieux le petit Jayden, une chose dont elle était plutôt fière parce que ça n'est jamais facile comme situation. D'autant plus qu'elle avait compris assez vite que le petit souffrait de dyslexie. Un challenge 2 en 1 si on peut dire, qui n'était déjà pas facile à gérer en tant qu'enseignant expérimenté, mais pour elle qui n'en était qu'à sa seconde année dans cette profession, oui, elle était fière d'avoir su gérer tout ça aussi bien. C'était pour des petits comme lui qu'elle avait voulu faire ce boulot après tout, pour montrer que c'était fun et amusant d'apprendre, que ça n'avait pas besoin d'être une plaie et ennuyeux. Bien au contraire et cela la forçait aussi à se montrer plus créative, ce qui était un plus pour elle aussi. Chacun avait donc beaucoup gagné dans cette relation : le petit avait repris confiance, commençait à progresser et Frances elle, était stimulée dans son job. Une bonne combinaison, pas vrai ? Elle avait certes sans aucun doute passée des heures supplémentaires en plus de sa charge habituelle de travail pour l'aider mais ça en valait largement la peine et puis elle ne faisait pas ça pour l'argent (sinon clairement, elle aurait choisit de faire carrière dans un domaine qui rapportait plus qu'une paye d'enseignant, croyez-le bien). Voir le petit garçon prendre un livre de lui-même pour le lire, c'était sa plus belle récompense.

Pour le dernier jour de classe, elle avait eu l'idée d'organiser un grand goûter avec sa classe, où chacun ramenait un petit quelque chose de chez lui pour ses camarades (répartir qui amenait quoi à l'avance évitait qu'on se retrouve avec 6 gâteaux mais rien à boire) tandis qu'elle s'occupait de préparer les activités et les jeux qui animeraient la journée. Les enfants avaient particulièrement aimer son idée de tir au slime (oui, vous savez, cette pâte gluante qui colle partout et que les gamins adorent) sur une cible géante. Ah, les joies de l'enfance où l'on est heureux avec pas grand-chose… Là aussi, ça lui faisait plaisir de voir que Jayden souriait aussi, peut-être pas aussi souvent que les autres mais quand même, un peu de son innocence semblait encore subsister malgré la perte de sa maman. Elle ne pouvait pas imaginer ce que ça devait être pour un enfant qui n'avait pas encore vraiment l'âge de comprendre tout ça. C'était déjà douloureux pour un adulte, alors un enfant, elle n'osait imaginer. Puis vint l'heure de dire au revoir à chacun, les parents venant récupérer leurs marmots les uns après les autres. Deux mois sans voir ces petits monstres, ça allait lui faire long et elle avait déjà hâte de les retrouver à la rentrée prochaine.

Se tenant dans le cadre de la porte pour voir arriver les parents, elle aperçu alors Jasper. Et aussitôt, elle sentit que ses joues commençaient à diffuser cette légère sensation de chaleur. Bordel, voilà qu'elle se mettait à rougir devant lui, manquait plus que ça ! Elle se repris en prenant une bonne inspiration et lui sourit alors qu'il approchait toujours, faisant signe à Jayden que son papa était arrivé. « Viens mon grand, ton papa est là. » annonça-t-elle au garçon qui pris son sac pour la rejoindre à la porte. Était-elle cinglée pour être tombée sous le charme d'un des parents de ses élèves ? Peut-être bien oui, mais elle ne savait pas comment ça c'était fait. Il était séduisant, ça rien à redire là-dessus mais c'était plus son comportement et un petit je-ne-sais-quoi qui l'avait fait succombé. Mais de toute façon, ça n'était pas comme si elle avait une chance ou si ça pouvait se faire, alors autant arrêter de rêver et reprendre son sérieux. Juste à temps puisqu'il arrivait à sa hauteur, synchro avec son fils qui sourit alors aux deux adultes. « Bonjour Mr Keaton. » dit-elle dans un léger sourire, celui qui ne la quittait presque jamais. Une de ses collègues la charriait souvent sur le sujet d'ailleurs, lui demandant si elle n'avait jamais mal à la mâchoire le soir après le boulot, à force de sourire autant.

C'était bien ce que disait le dicton en effet. Toutes les bonnes choses ont une fin mais celle-ci ne serait que temporaire, heureusement. Juste le temps de recharger les batteries, de s'occuper un peu de soi et de revenir à la rentrée avec le sourire et plein de nouvelles idées pour faire en sorte que ses élèves apprennent le plus possible en s'amusant. Un autre dicton dit que s'il on choisit un job qu'on aime, alors dans le fond, on ne travaille jamais vraiment. Sur la forme, elle était plutôt d'accord avec ça, elle ne voyait pas son métier comme pénible (bien qu'elle conçoive que pour d'autres ça pouvait l'être, surtout quand on sait comment peuvent être certains gamins, ou pire, certains parents) mais il y avait quand même la partie 'immergée' de l'iceberg, toute la phase de préparation des leçons. C'était ça la partie ingrate du job on va dire. Mais si ça pouvait permettre aux enfants d'apprendre en n'ayant pas l'impression de le faire, c'était un sacrifice qu'elle referait autant de fois que nécessaire. Mais oui, mine de, derrière les apparences, être instit c'était quand même du boulot et de la passion, vu le nombre d'heures passées à préparer les leçons ou les activités proposées tout au long de l'année, et autant vous dire qu'il fallait avoir de l'imagination pour tenter de ne pas trop se répéter, les enfants ont beau être petits, ça n'en restait pas moins un public des plus exigeants et qui se lasse vite.

Elle était donc satisfaite de voir que ce dernier jour de classe ravissait tout ces petits monstres (termes affectueux ici bien entendu) et que l'organisation du goûter avait porté ses fruits. Tout le monde avait mangé à sa faim et eut à boire tout au long de la journée. Des rires et sourires en pagaille. C'était sûrement un peu idiot pour certains qu'elle soit si heureuse juste pour ça mais Frances voulait bien faire les choses et de voir que ses efforts étaient payants lui faisait plaisir. Comme ça lui avait fait plaisir de voir qu'elle avait déjà pu commencer à faire une différence chez le petit Jayden. Identifier son problème de dyslexie était une chose, importante certes car ainsi, il pourrait progresser et surmonter cela au fil du temps (les études montrent bien que plus vite ce handicap est identifié et plus les chances de s'en défaire augmentent) mais surtout, ce dont elle était la plus fière, c'était de le voir à nouveau petit à petit s'ouvrir plus aux autres et à elle. La perte de sa maman était une terrible chose, à un si jeune âge, c'était tellement injuste. Alors de pouvoir contribuer à lui montrer que la vie continuait quand même, ne serait-ce qu'à son échelle infime, elle en était fière. C'était aussi pour ça qu'enseigner était génial à ses yeux. Sa coloc sauvait des vies au sens propre du terme, puisqu'elle étudiait pour devenir un médecin. Frances elle aussi en sauvait, mais d'une façon plus abstraite. Car pour l'avoir vu avec des anciens élèves de sa mère la remerciant pour l'impact qu'elle avait eu sur leur apprentissage à l'époque, elle savait qu'elle n'avait pas choisit cette voie par hasard.

Ce qu'elle ignorait par contre, c'est qu'en prenant ce poste ici, elle allait tombée sur quelqu'un comme Jasper. Outre le fait qu'il était loin d'être désagréable à regarder (hey ouais, faut dire ce qui est quand même), il semblait être un homme doux et prévenant avec son fils. Ce qui n'était pas toujours le cas de tous les pères qu'elle connaissait, il faut le dire. Puis il était loin d'être dénué d'esprit aussi, ce qui l'attirait beaucoup et elle s'en voulait un peu pour ça. Elle n'était pas censée avoir ce genre d'attirance pour un parent d'élèves, ça n'était pas vraiment très professionnel. Mais pourtant, elle aimerait apprendre à le connaître d'avantage, car jusqu'à présent, ils n'avaient pas réellement pu parler en dehors des habituels échanges qu'imposaient leurs places respectives. La jeune femme était persuadée qu'elle ne se lasserait pas l'entendre parler (elle aimait beaucoup sa voix) et qu'il était de très bonne compagnie. Ses joues trahirent ses pensées lorsqu'elle le vit arrivé mais par chance, elle su se reprendre dans la foulée, le petit arrivant à leur hauteur lui aussi. Échange de politesse et elle hoche la tête doucement pour répondre à sa question. « Très bien, il s'est amusé avec les autres et à pris deux fois du gâteau à la pomme. » répondit-elle, en souriant, complice avec le petit garçon et releva la tête à ce qu'ajouta le père de ce dernier. « Oh vraiment ? Il ne fallait pas. » dit-elle, surprise mais touchée du geste et elle pris donc le cadeau des mains de l'enfant. « C'est vraiment très gentil. » tint-elle à leur dire, procédant au déballage du cadeau dans la foulée.

Le deuil, la perte d'un proche, d'un être cher. Elle n'avait eu aucun cours là-dessus durant sa formation bizarrement, pas comme les apprentis médecins (détail qu'elle connaissait pour vivre en colocation avec non pas un mais trois d'entre eux). A aucun moment dans les exercices de mises en situation on avait évoqué ce qu'il fallait préférablement faire et dire si un élève (et sa famille par extension), était confronté à ça. La mort. Un concept déjà bien complexe quant on est adulte mais alors expliquer ça à un enfant qui a encore en théorie, tout à apprendre, c'était un challenge. Car mal fait, ça pouvait créer des complications, voir même un traumatisme. Mais elle n'avait pas eu à avoir cette conversation avec le petit pour l'instant. Il parlait peu il faut dire, ce qui était compréhensible. C'est surtout qu'elle s'était dit que si vraiment il voulait le faire, il l'aurait montré par lui-même en lui posant la question. Les enfants ont après tout cette formidable capacité à être très directs quand ils le voulaient, n'ayant pas les mêmes filtres sociaux que nous, adultes. Elle se souviendrait encore longtemps du fou rire qu'elle avait quand l'année précédente, une de ses élèves lui avait demandé ce que c'était qu'un jouer pour adulte ; se demandant légitimement pourquoi les grands ne pouvaient pas jouer avec des jouets d'enfants, avec toute la candeur qu'une gamine de son âge peut avoir. Et oui, c'était aussi ça le métier d'instit, on ne savait jamais vraiment ce qui pouvait se passer dans une journée qui en principe ressemblerait à celle d'avant et c'était aussi pour ça qu'elle ne regrettait pas d'avoir choisi cette carrière. Les enfants et leur imagination sans faille rendait les choses toujours plus intéressantes.

Mais pendant les deux prochains mois, elle n'aurait plus l'occasion de vivre ce genre de moments puisque c'était le dernier jour de classe. Elle était un peu triste, mine de on s'attachait vite à tous ces petits visages qui vous côtoient tous les jours le reste de l'année,mais il fallait bien qu'ils fassent tous une pause aussi. Petit à petit la classe se vidait à mesure que les parents venaient récupérer leurs bambins et présentement, c'était le tour du papa de Jayden. Ce qui forcément mettait notre petite brune dans un état second l'espace d'un instant avant qu'elle ne se reprenne. Heureusement que le petit lui offrait une bonne diversion le temps que son père le prenne dans ses bras, elle pouvait faire passer son sourire pour de l'attendrissement face à la scène (ce qui n'était pas faux pour autant). Ravie de pouvoir donner de 'bonnes nouvelles' à Jasper quant à ce qu'avait pu faire son fils dans la journée, Frances fut surprise et touchée de voir qu'ils aient pris le temps de lui offrir un petit cadeau pour célébrer la fin de l'année. Ouvrant le paquet, elle observa le dessin quelques secondes, sourit en voyant le stylo et rit en voyant les chocolats. « Oh je vais me jeter sur les chocolats dès ce soir je crois. » dit-elle en riant doucement. Gourmande ? Non à peine. Elle sourit et fit un clin d'oeil complice à Jayden avant de regarder à nouveau son père pour le remercier de cette délicate attention. « C'est vraiment très beau, merci. Je suis jalouse, je n'ai jamais su dessiner comme ça, vous êtes doué. » déclara-t-elle, gardant son sourire. « Je vais lui trouver une petite place dans ma chambre. Encore merci. » rajouta-t-elle, sentant qu'à nouveau ses joues commençaient à prendre de la température. Vite, relancer la conversation si elle ne voulait pas finir rouge comme une pivoine. « Je voulais aussi vous dire, euh… Si jamais, comme je ne pars pas en vacances cette année, si Jayden a besoin de leçons pour continuer de progresser, n'hésitez pas à m'appeler. Il a déjà un livre pour continuer les exercices tout seul en principe mais… Bref, si jamais, je suis disponible. » Si elle pouvait le faire sur le moment, elle aurait roulé des yeux de sa propre bêtise à s'enfoncer comme ça toute seule. Livia se serait bien moquer d'elle si elle la voyait, elle en était quasiment sûre. Mais malgré tout, elle souriait encore, histoire de ne pas complètement avoir l'air ridicule devant Jasper. La dernière chose qu'elle voulait c'était qu'il la prenne pour une idiote, vous vous en doutez.  

Parfois oui, il fallait savoir apprécier les petites victoires du quotidien quand elles se présentaient à vous. Ça aidait tout de suite à se sentir un peu mieux après tout. Pour Frances, ce genre de moments se résumait souvent à voir un élève comprendre sa leçon ou prendre plaisir à réussir un exercice du premier coup. Des choses sans doute triviales pour les autres mais en tant qu'institutrice, elle était contente quand ça arrivait, ça prouvait qu'elle faisait son boulot correctement et ça n'en était que plus gratifiant pour elle et la confortait dans le fait qu'elle avait bien fait de suivre les traces de sa mère. Bien sûr il y avait aussi les sourires, même les plus petits parfois, qu'elle captait en les observant ou lorsqu'un élève la regardait avec émerveillement lorsqu'elle leur lisait une histoire. Des tas de petits moments qui s'accumulaient pour compenser ceux qui étaient moins heureux quoi. Et le petit Jayden lui en avait pas mal de ceux-là ces derniers temps avec la perte tragique de sa maman, c'était donc une bonne chose de le voir petit à petit réapprendre à sourire. Elle ne pouvait hélas que s'imaginer ce que ça devait être de devoir gérer ça pour son père, doublement affecté parce qu'il devait gérer son propre deuil mais continuer à être fort pour son fils. Tout en continuant de travailler. Oui, il y avait de quoi être admirative, elle-même ne savait pas si à sa place elle serait capable d'en faire autant. Même si sa mère lui disait souvent que devenir parent c'était devenir un super héros qui s'ignore, dans le sens où pour son enfant, on peut devenir capable de tout. Une théorie qu'elle espérait pouvoir vérifier par elle-même un jour, mais pour le moment, ça n'était pas près d'arriver et puis elle était déjà un peu maman, non ? Par procuration en un sens, mais ses élèves étaient un peu ses enfants aussi quand ils étaient dans sa classe et clairement, si elle le pouvait, elle en ferait bien plus pour eux mais elle n'avait parfois pas le choix. Le règlement était ainsi fait. On la payait pour faire son travail, pas pour être assistante sociale ou autre, ce qu'elle trouvait cruel parfois quand il était évident que certains des enfants affrontaient des problèmes chez eux. Un des à côtés qu'elle avait le plus de mal à accepter c'est vrai, tout en sachant qu'il faudrait bien qu'un jour elle apprenne à se préserver aussi pour ne pas finir en burn-out comme certains de ses collègues.

Mais bon, elle en était encore loin, elle venait de commencer sa carrière et pour le moment, elle préférait se dire qu'elle pouvait faire la différence quoi qu'on lui dise. Ce qu'elle pouvait déjà voir avec Jayden. Certes, il lui restait encore un long chemin à parcourir avant que sa dyslexie ne soit plus un handicap pour lui mais il avait déjà fait des progrès impressionnants. Ce qui lui donnait le sourire, au moins il n'aurait pas comme d'autres qui n'avaient pas été diagnostiqués à temps, à porter ça sur ses épaules durant toute sa vie. Il avait déjà assez avec ce qui était arrivé à sa maman, pauvre petit bout. Agréablement surprise de recevoir un petit cadeau pour la fin d'année, Frances était réellement touchée de l'attention qu'avaient eut les deux membres de la famille Keaton. C'était toujours plaisant après tout, surtout qu'ici, ça n'était pas un cadeau générique, juste acheté comme ça, histoire de dire qu'on avait pris quelque chose. C'était un dessin que Jasper avait fait, c'était donc bien plus personnel, limite intime si on veut et forcément, ça lui faisait plaisir qu'il ai pris le temps d'encadrer ça et de penser à lui offrir. « Je les aime tous, ne vous en faites pas. » rétorqua-t-elle en riant doucement. Ça oui, quand ça concernait le chocolat, elle prenait tout, et plutôt deux fois qu'une. « Oh croyez moi, je vois assez de dessins toute la journée pour pouvoir dire ça. » dit-elle en plaisantant, ce qui ne voulait pas pour autant dire qu'elle ne pensait pas ce qu'elle disait face au talent du jeune papa. Annonçant qu'elle allait mettre ça dans sa chambre (pourquoi ne devrait-elle pas, c'était un super dessin après tout), elle fit alors part à Jasper que si jamais il voulait qu'elle vienne aider le petit Jayden durant les vacances, il n'aurait qu'à l'appeler puisqu'elle serait là durant les vacances cette année. Il était important qu'il ne perde pas les progrès fait au cours de l'année, puis ça ne la dérangeait pas de passer du temps avec le petit garçon, donc autant que ça serve, non ? Puis si accessoirement elle pouvait aussi apprendre à un peu mieux connaître son père dans le même temps, c'était tout bénef non ? « Oh je veux simplement mettre un peu de côté pour pouvoir aller en Australie l'année prochaine. » répondit-elle avant que Jasper ne reprenne la parole lui aussi et elle sourit. Oui elle avait assez travaillé mais elle n'allait pas laisser le petit comme ça, elle ne pouvait pas. « C'est fait de bon cœur, j'aime beaucoup votre fils. Et je ne peux pas accepter de l'argent comme ça. » Elle sourit au petit avant de regarder à nouveau son papa. « Je vais plutôt vous passer commande d'un nouveau dessin pour aller avec celui-là. Sinon il sera un peu seul le pauvre. » déclara-t-elle un léger sourire aux lèvres, faisant un peu la grimace pour obtenir un sourire de la part du garçon.

C'était toujours plaisant de recevoir de petites attentions similaires, c'est vrai, elle ne pouvait donc pas dire que ça ne lui faisait pas plaisir. Certes ça n'était pas grand-chose, mais ça n'était pas la valeur pécuniaire de ce cadeau qui comptait vraiment pour elle mais plus le geste en lui-même (et accessoirement de qui il venait mais ça bien sûr, elle ne le lui dirait pas de vive voix). Puis des chocolats, la gourmande qu'était notre petite brunette, elle n'en ferait qu'une bouchée. Elle le remerciait donc de ce cadeau de fin d'années, avant de proposer à Jasper, s'il le voulait, de venir voir Jayden pour lui donner des cours particuliers si le besoin s'en faisait sentir et pour s'assurer qu'à la rentrée prochaine, il n'aurait pas trop de difficultés ou de retard rapport à ses camarades de classe, rapport à sa dyslexie. Après tout, elle aimait bien le petit et elle n'avait rien d'autre de prévu, donc si elle pouvait rendre service, ça serait fait de bon cœur et bénéfique pour le petit. Répondant qu'elle prévoyait d'aller voyager en Australie l'année suivante comme raison de son non-départ en vacances suite à la surprise du papa, elle acquiesça à sa remarque sur le sujet. « C'est bien pour ça que je compte voir ça de mes propres yeux. » répondit-elle en esquissant un léger sourire. Ça oui, l'Australie ça serait un dépaysement garanti et une aventure en soi, rien que déjà par la durée du trajet pour s'y rendre. Quasi une journée de vol, ça serait une première pour elle, mais elle était persuadée que ça en valait la peine.

Par contre, lorsque Jasper lui dit qu'il comptait la payer si vraiment elle venait voir Jayden pour l'aider, elle se vit contrainte de refuser. Elle ne pouvait pas accepter de l'argent, ça amènerait bien des problèmes à tous les deux si jamais cela se savait et elle préférait éviter ça, autant pour elle que pour eux, ils avaient déjà bien assez de problèmes actuellement pour ne pas encore en rajouter une couche par sa faute. Après quelques secondes de réflexion, Frances proposa alors une alternative qui elle n'entraînerait aucun problème et qui ferait déculpabiliser le jeune papa, du moins elle l'espérait. Elle suggérait qu'il réalise un autre dessin pour qu'elle puisse l'ajouter à celui qu'il venait de lui offrir ; histoire d'en faire une sorte d’œuvre en plusieurs parties. Il semblait surpris de sa proposition, ou surpris peut-être qu'elle veuille un autre dessin venant de lui et ça la fit sourire. Il dessinait bien après tout, ce qui n'était pas son cas. Oui, elle faisait partie de ces adultes qui ne savaient pas dessiner. Enfin si, mais elle n'avait guère de talent et elle se lassait vite de ne pas obtenir le résultat escompté alors elle préférait la photographie. Déjà plus facile là de faire quelque chose de plus esthétique avec ses dix doigts, même si en principe, pour prendre une photo, on en utilise qu'un seul, pour enfoncer le déclencheur mais bref. « Une vue de la ville pourquoi pas, comme ça, ça reste dans votre domaine et dans le thème de celui-ci. » répondit-elle. Ça collait avec l'idée de la pièce en plusieurs parties après tout, non ? Puis ça ne le dépayserait pas trop comme thème pour ne pas non plus que cette 'récompense' ne devienne une corvée pour lui. Jasper demanda alors quand elle voulait venir et la brune regarda en direction du petit avant de regarder son père à nouveau. « Oh je n'ai pas réellement de contrainte coté agenda pour l'instant, alors j'aurais tendance à dire quand Jayden aura envie de travailler ? Au pire si je ne peux pas je vous le dirait et on trouvera un autre créneau, c'est le plus simple à faire je crois. T'en penses quoi mon grand ? » demanda-t-elle en souriant au petit. C'était en effet le plus simple pour que chacun puisse s'organiser au mieux.